(Photo Pierre Insalaco)

«J’essaie de ne pas me fixer
de limites»

Arrivée depuis Saint-Maur à Dijon cette saison, Mathilde Plotton va retrouver Truchtersheim ce mercredi et le Strasbourg ATH, un club dont elle avait porté le maillot entre 2018 et 2020. Rencontre avec une personnalité attachante du handball français.

Aujourd’hui, dans la case profession de Mathilde Plotton, il est écrit handballeuse. Du haut de son mètre 84, au poste d’arrière gauche, elle a le but en ligne de mire, elle a aussi le goût de brouiller les attaques adverses de l’autre côté du terrain.

Photo, Sciences Po, Master

Ce sont des facultés et des aptitudes très utiles dans sa profession, mais Mathilde Plotton est une personnalité multiple.

Elle développe toujours avec application son œil de photographe, par exemple. «C’est un hobby, c’est un peu mon défouloir.» Comme une façon d’ouvrir en grand les yeux sur le monde qui l’entoure et d’y poser son propre regard. Avec curiosité, avec intérêt. Toujours.

Elle a surtout aussi effectué, en parallèle, un sacré parcours universitaire, très peu commun pour une sportive de haut niveau. «J’ai suivi les cours de Sciences Po Paris pendant trois ans avant de faire un Master “Manager de Projets Humanitaires”. Et là, j’ai fini, c’est la première année où je me consacre uniquement au handball.»

À 25 ans aujourd’hui et avant de penser à un autre avenir, c’est bien dans le handball que Mathilde Plotton cherche à s’épanouir encore davantage.

«C’est un club que j’affectionnerai toujours»

Elle sort de plusieurs années marquantes à la Stella Saint-Maur, rival régulier du Strasbourg ATH, d’abord en D2, puis désormais en D1.
«J’y ai passé trois saisons, au final un peu moins puisque je suis arrivée blessée, j’avais repris en janvier après mon opération des croisés. On avait fini deuxième cette saison-là, derrière Saint-Amand. Pour un retour, c’était une saison intéressante. La structure était un peu moins professionnelle que maintenant, mais ça m’a déjà permis d’apprendre ce qu’était le métier, tout en me rapprochant de mes études.»

La deuxième saison sous le maillot à damiers sera très particulière à plus d’un titre. «C’est la saison qui m’a le plus marquée. On finit championnes de France de D2 et j’ai aussi passé un cap individuellement en finissant meilleure joueuse de D2, dans un rôle principal de buteuse. C’est une saison qui m’a permis de me développer.»

La troisième sera celle de l’arrivée en D1. «Nous avons fini dernières (la Stella a finalement été repêchée), pour la majorité de l’équipe, c’était la découverte de ce niveau de jeu. Et c’était super enrichissant. Humainement, j’ai trouvé dans ce club des valeurs qui me sont chères, comme à l’ATH d’ailleurs. Mais j’avais des a priori, je ne pensais pas forcément les trouver en région parisienne. Au final, l’environnement, le staff, la présidence étaient ultra bienveillants. C’est un club que j’affectionnerai toujours.»

«C’est toujours une date que je cherche dans le calendrier, parce que c’est toujours particulier
de revenir, je suis toujours contente
de rejouer en Alsace»

Mais il y a quelques mois, Mathilde Plotton, internationale cadettes, jeunes et juniors, voulait franchir un palier de plus. Même s’il fallait pour cela quitter sa sœur jumelle Pauline, capitaine de la Stella.

«C’était compliqué de composer avec les difficultés rencontrées au classement. J’avais la volonté de rester en D1 et de performer plus fort individuellement. Dijon s’est rapproché de moi avec la possibilité de jouer la Coupe d’Europe et de trouver un cadre encore plus exigeant, un environnement encore plus professionnel. Cela semblait une suite logique à ma carrière.»

Cette saison, Dijon est resté invaincu pendant cinq journées en début de championnat et se trouve à la troisième place du classement, juste derrière Metz et Brest, les deux grandissimes favoris pour le titre.
«C’est stimulant d’aborder les matches d’une autre manière, en se disant presque chaque fois que nous pouvons gagner.»

Malgré un temps de jeu très aléatoire, Mathilde Plotton se réjouit de retrouver Truchtersheim mercredi.
«C’est toujours une date que je cherche dans le calendrier, parce que c’est toujours particulier de revenir, je suis toujours contente de rejouer en Alsace. Ce ne sera pas un match à prendre à la légère, le SATH est une équipe compétitive qui a fait douter Brest, qui a battu Nice par exemple. Il faudra bien se préparer, car ce n’est jamais simple de jouer à Truchtersheim. Je sais d’expérience que le public est d’une grande aide lorsqu’on y joue, mais peut aussi être un gros problème quand on est dans l’équipe adverse. Le SATH va chercher à se relancer et nous à conforter notre troisième place.»

«Ma mère en a eu marre
que l’on ne soit qu’avec des garçons.
Alors, elle nous a inscrites
à un tournoi de handball»

Ce match sera un peu un retour aux sources pour Mathilde Plotton qui a toujours gardé de bons contacts avec le club alsacien où elle était arrivée à l’âge de 19 ans.
Et c’est l’occasion d’une mise en perspective pour celle qui racontait alors, en 2018, sa découverte du handball. On est à Montbrison dans la Loire, elle vit avec ses parents, Valérie et Pierre, son frère, Gabriel, sa sœur, Pauline. «Avec Pauline, on jouait au foot, une tradition familiale, mais ma mère en a eu marre que l’on ne soit qu’avec des garçons. Alors, elle nous a inscrites à un tournoi de handball. On a joué toute la journée et on a adoré. Il y avait une super ambiance, on pouvait exprimer ce côté “guerrière” et trouver des petites combinaisons entre nous. Au final, merci maman !»

Deux ans plus tard, ce sera l’entrée au Pôle espoirs de Toulouse et la découverte du championnat de France à Tournefeuille avant de rejoindre le centre de formation de Nice, puis l’ATH, Noisy, Saint-Maur et Dijon.

«J’ai toujours l’ambition secrète
de porter un jour
le maillot de l’équipe de France
même si c’est peut-être plus un rêve
qu’une ambition»

Riche de ce parcours, Mathilde Plotton a surtout envie de poursuivre sa progression là où le vent la mènera à l’avenir.

«J’essaie de ne pas me fixer de limites. J’aimerais conforter mon statut de joueuse européenne en ayant un vrai impact. Et j’ai toujours l’ambition secrète de porter un jour le maillot de l’équipe de France même si c’est peut-être plus un rêve qu’une ambition. Ma carrière est assez linéaire, je progresse petit à petit et pourquoi pas se fixer la Ligue des champions comme Graal, l’équipe de France comme apothéose complète ? Encore une fois, je ne me mets pas de limites.»

Rêver en grand ne nuit jamais, au contraire, c’est une façon de chercher à rendre la vie plus belle et, surtout, de commencer à se préparer au meilleur. Car pour Mathilde Plotton, il est assurément encore à venir…

De 2018 à 2020, Mathilde Plotton a porté le maillot de l’ATH (Achenheim Truchtersheim Handball).

Mathilde Plotton avec sa sœur jumelle Pauline sous les couleurs de la Stella Saint-Maur, on est en septembre 2023.

Mathilde Plotton a découvert la Coupe d’Europe avec Dijon cette saison.
(Photo Pierre Insalaco)