Professeure handballeuse
L’année 2025 restera particulière dans le parcours de Juliette Demuth. C’est l’année d’un accomplissement, elle a obtenu l’Agrégation pour commencer à exercer son métier de professeure d’EPS. C’est l’année d’un grand départ puisqu’elle vient de quitter le Strasbourg ATH, son club de toujours, pour rejoindre celui de Bouillargues.
Ces derniers mois, Juliette Demuth n’a pas ménagé ses efforts. Pilier de l’équipe réserve du Strasbourg ATH en Nationale 1, joker de celle de Division 1, elle a, en parallèle, bouclé ses études. Des études de haut niveau.
«Ce n’était pas simple tous les jours, souffle-t-elle. J’ai enchaîné les cours à la Fac, les stages d’intervention en milieu scolaire, les révisions pour le concours, les entraînements, les matches…
C’était un peu galère pour trouver une façon de s’organiser, parce qu’il a fallu être très rigoureuse pour arriver à tout gérer. Avec assez peu d’heures de sommeil.»
«J’ai commencé en -11 ans pour finir en D1,
c’est une évolution de “ouf”»
Mais celle qui a baigné dans l’univers de la petite balle à travers sa maman Claude qui a été joueuse à Truchtersheim, à travers son «papy», Roland Wetterwald, figure de l’arbitrage alsacien, n’a jamais envisagé de laisser tomber le handball.
«J’ai commencé à 4 ans à l’école de handball à Truchtersheim. J’ai toujours baigné là-dedans en accompagnant papy et maman dans les gymnases. Jouer au handball était comme une évidence. J’ai commencé en -11 ans pour finir en D1, c’est une évolution de “ouf”.
J’ai fait plein d’autres sports au début, de la danse, de la GRS, du ski en plus du handball. Mais j’ai arrêté tout le reste en rentrant au Pôle à 14 ans.»
Elle a connu celui de Strasbourg pendant deux ans, puis celui de Metz en internat pendant deux ans avant de revenir complètement en Alsace pour se lancer dans la filière STAPS, côté études.
«C’était un parcours plutôt sympa, j’ai aussi eu la chance de jouer avec ma sœur Charlotte, c’étaient de supers années avec de belles rencontres aussi.
Petit à petit, je suis montée un peu en D2 en faisant de plus en plus d’entraînements avec Aurélien (Duraffourg, désormais manager général du Strasbourg ATH) pour essayer de me faire une place en équipe “une”.»
«Je voulais viser le haut niveau
dans ces deux aspects,
je ne voulais pas faire de choix»
Avec tout ce riche passé, il n’était pas question de mettre entre parenthèse cette partie de sa vie, même lorsque tout devenait plus compliqué à concilier.
«Je voulais viser le haut niveau dans ces deux aspects, je ne voulais pas faire de choix. Et je suis persuadée que le fait d’avoir gardé cet équilibre a contribué à ma réussite dans le concours. De ce côté, je travaillais en plus le volley, l’athlétisme et la natation, des sports très différents.
L’objectif le plus important de mon année était d’abord de ne pas me blesser.
Mais venir à l’entraînement presque tous les jours me permettait de me vider la tête, d’être avec des amies et de juste penser à jouer.»
«À 22 ans, j’ai un métier à vie»
En février et en mars, les examens ont commencé pour l’Agrégation et le Capeps, le rythme, côté handball, a été légèrement allégé avant le temps de l’attente des résultats. En mai, il y a eu les oraux de l’Agrégation. Le 26, les résultats tombent. Ils sont brillants.
«Il y avait 1100 candidats pour 51 places disponibles en France et je suis arrivée 24e. J’étais trop contente et plutôt fière de moi.
À 22 ans, j’ai un métier à vie. J’ai fait du handball à très haut niveau. C’était un double projet ambitieux, une année riche en émotions, en stress au quotidien, en fatigue.
Alors en voyant les résultats, en voyant mon nom sur la liste, j’ai explosé de joie. J’ai dû faire des choix, j’ai dû faire des sacrifices, mais j’ai été récompensée de la meilleure des manières. Et je ne peux que en être fière.»
«J’aime travailler avec les enfants,
j’aime leur joie de vivre. C’est beau à voir»
L’éducation nationale est désormais l’autre maison de Juliette Demuth. Comme son père Nicolas, responsable de la section sport-études football au Lycée Jean-Monnet à Strasbourg, comme sa mère Claude, enseignante d’économie et de gestion des entreprises en Lycée professionnel, comme sa grande sœur Charlotte, professeure d’EPS en région parisienne, comme ses deux grands-parents paternels.
«Être professeure d’EPS a toujours été un peu mon rêve. J’avais fait un stage en Troisième qui m’avait plu, je m’étais dit: “C’est trop génial, c’est ça que je veux faire !”
Ce qui me plaît c’est aussi de pouvoir être au contact de différentes activités. Je suis polyvalente sur un terrain de handball, je le suis aussi désormais dans ma vie professionnelle.
Donner goût à l’activité sportive aux enfants serait ma plus belle fierté. Le sport amène plein de valeurs, il m’a énormément aidé à me construire dans ma vie de jeune femme.
J’aime travailler avec les enfants, j’aime leur joie de vivre. C’est beau à voir. Et j’ai envie de cultiver ça un peu plus profondément.
J’ai plein de portes ouvertes, pourquoi pas prendre une section sportive plus tard, il y a de multiples possibilités.»
«Le Strasbourg ATH restera mon club d’enfance,
mon club de cœur»
À la rentrée en septembre, lors de son année de stage, Juliette Demuth va s’installer au collège de Manduel dans le Gard, une commune de 30 000 habitants, pas loin de Nîmes. Pas loin non plus de Bouillargues et de son club de handball qui sera donc son autre destination. Car il s’agira toujours de ne pas choisir.
«Je suis ravie, c’est une nouvelle aventure qui commence et qui se concrétise, les planètes se sont alignées et je vais poursuivre mon double projet.
Il me faudra sûrement un peu de temps pour m’acclimater, car il y aura beaucoup de changements après 18 ans passés au Strasbourg ATH. Cela restera mon club d’enfance, mon club de cœur, il m’a permis de grandir, je m’y suis toujours sentie bien.
Mais une page s’est tournée avec la réussite de mon concours, c’était l’occasion de tenter quelque chose, de découvrir un autre coin de la France avec deux projets intéressants au niveau sportif et au niveau professionnel.»
«J’ai pris du temps de jeu là où il y en avait»
À Bouillargues, elle évoluera en Division 2 ou en Nationale 1 (un appel est en cours), va retrouver Typhanie Perrin aussi qui vient de passer deux saisons au Strasbourg ATH et pourra mettre à profit son côté polyvalent sur un terrain de handball.
«J’ai une formation d’arrière, ce sont les postes que je préfère, mais j’ai aussi joué à l’aile ou en pivot. J’ai pris du temps de jeu là où il y en avait.
J’en profite d’ailleurs pour remercier tous mes entraîneurs et mes éducateurs qui ont participé à ma formation. Mais aussi mes proches, mes parents, ma famille qui ont toujours été là pour me soutenir que ce soit à travers des discussions, des échanges, des machines de linge ou des coups de main pour les déplacements.»
«Des moments inoubliables»
En ce mois de juillet, Juliette Demuth a pris son envol. Quitté Truchtersheim et la maison familiale. Quitté Truchtersheim et son gymnase.
«Je me souviens encore d’avoir fait mon entrée sur le terrain un soir de match de Nationale 1 lors de la présentation des équipes. J’étais alors en -13 ans, j’avais ma main dans celle de Dalila (Abdesselam, la capitaine emblématique du Strasbourg ATH). Au mois de juin, j’ai joué mon dernier match avec elle sur le terrain en D1.
C’est cool d’avoir participé à ça, aux montées, à l’ascension du club, ce sont des moments inoubliables.»
Désormais, à 751 kilomètres au Sud de Truchtersheim, Juliette Demuth vient de commencer à se bâtir d’autres souvenirs…


(Photo Patrice Kessouri)

Très beau portrait !
Belle continuation Juliette !