«Mine de rien,

le handball me sauve un peu la vie»

Delphine Thiam est une joueuse emblématique de l’ESSAHB (Strasbourg/Schiltigheim) qui évolue en Nationale 2. Mais Delphine Thiam, durant cette saison 2024/2025, est surtout en train de vivre une épreuve pas comme les autres. Atteinte d’un cancer du sein, elle n’aura pourtant manqué qu’une poignée de matches durant son traitement. Son attachement viscéral au handball lui servant de fil conducteur, ou plutôt de fil d’Ariane, pour la mener à la guérison.

Delphine Thiam, on l’a vu plus haut (voir 1er épisode), a toujours été passionnée par son sport, mais dans ce moment si singulier, le handball a encore pris une autre importance. Quasi vitale.

«J’ai demandé à faire les chimios le lundi
pour m’entraîner le mardi, le mercredi
et le vendredi
et être en forme pour jouer le samedi»

«Longtemps, c’est la seule chose qui m’a portée, accompagnée, la seule chose que j’ai pu garder de ma vie d’avant. Et faire du hand, c’est devenu ces derniers mois le seul but de ma vie. Je suis passée par plein de phases, tout le monde me disait, “Mais tu ne te rends pas compte, c’est fini le handball”. En fait non, je ne me rends pas compte.

J’ai demandé à faire les chimios le lundi pour m’entraîner le mardi, le mercredi et le vendredi et être en forme pour jouer le samedi. Mon oncologue m’a pris pour une folle. Au début, je les faisais à Paris, comme j’avais commencé le traitement là-bas, il y avait aussi la fatigue des voyages à encaisser. Ensuite, quand il y a eu les chimios plus petites, j’ai pu les faire à la clinique de l’Orangerie à Strasbourg.

Les premières chimios m’ont fracassée, pendant les plus grosses j’ai dû rater deux matches, étonnamment le calendrier est plutôt bien tombé.

«Ma psy me dit que je suis

quelqu’un de déterminée»

Après mon opération en février, j’ai dû m’arrêter deux ou trois semaines le temps que ça cicatrise. Mais il a vite fallu trouver une solution pour jouer. J’ai acheté une brassière de boxe avec des protections en dur.

Au moment des chimios, j’étais allée voir un imprimeur 3D pour avoir une protection pour ma chambre implantée au niveau du thorax, c’est par là que passent les traitements car dans une veine ce serait trop fragile. Le père d’Irmak (Akbingöl, sa coéquipière à l’ESSAHB) me l’a mise dans une mousse.

J’ai mis en place ce système en réfléchissant à tout ça lors de mes nombreuses insomnies. C’est une protection aussi bien pour moi que pour les autres. Il y a eu des hésitations jusqu’au premier choc et après on n’y pense plus.

Ma psy me dit que je suis quelqu’un de déterminée pour être allée chercher ce genre de solutions très inhabituelles…»

(À suivre…)

Illustrations…

«Première chimio. Je souriais, je ne savais pas encore ce qui m’attendait…
Je n’ai plus fait de photo ensuite…😅»

«Une photo de ma “chambre”, c’est par là que passent les traitements,
via une perfusion. Et la protection faite pour les matches…»

«Yvan prenait soin de moi avec des petits déjeuners de qualité
pour m’aider à reprendre des forces. Quand je pouvais manger…»

«Barbecue en allant à Paris avant la première chimio,
moment avec la famille d’Yvan…»

«Premiers moments post-chimio, mes “hommes” sont venus en renfort,
mon papa, Yvan, mes deux frères Mathieu et Thomas et mon petit neveu Basile.
Puis balade dans Strasbourg…»

«Photo avec mon papa qui s’adapte à mon nouveau “style”
qui ne durera pas longtemps…»

«Deux photos handball avec un moment de bénévolat avec l’équipe,
puis quelques jours plus tard un apéro coucher de soleil
à la colline de “Mundo” à côté de chez nous…»

«Les semaines passent et on arrive dans la dernière semaine après ma première chimio, sortie bateau avec mes amis, Dylan, Alexis, Mylady et Fany…»

«Derniers moments avant la “deuxième salve”, à Paris,
petit tour aux Jeux paralympiques, tir à l’arc et natation…»