« J’ai coché tout ce que je voulais faire »
À 37 ans, Fanny Medbou est en train de vivre sa dernière saison de handballeuse en Nationale 1 avec le CS Reichstett. Avec, comme toujours, un état d’esprit conquérant d’abord tourné vers le collectif.
«Comment on vit une dernière saison ? Plutôt bien pour le moment. L’idée est de tout faire pour jouer un maximum et, surtout, d’aider l’équipe pour pouvoir finir sur un maintien en N1.»
Ce soir-là, Fanny Medbou venait de réussir une très belle deuxième mi-temps (7 arrêts), participant activement à la troisième victoire de Reichstett contre Yutz (29-22). Pour occuper la sixième place du classement.
«J’ai coché tout ce que je voulais faire, rigole-t-elle. Arrêter un contre, stopper un penalty et même marquer un but en N1, il ne me reste plus que le maintien à obtenir.» Et terminer sur cet objectif rempli aurait clairement de l’allure pour celle qui est arrivée à ce niveau un peu par hasard.
«Je jouais à Haguenau lorsqu’Agnès (Michalik) m’a emmenée dans ses bagages en prenant la présidence de Reichstett, principalement pour être coach.»
«Pour être gardienne, il faut avoir un petit grain»
On est «en 2011 ou 2012», auparavant elle avait découvert le handball à Achenheim, puis à Lingolsheim, mais beaucoup de choses vont se passer du côté du club au dragon.
«J’entraînais les moins de 16 ans, je jouais en équipe “trois”, je faisais la table et j’ai commencé à dépanner quand il n’y avait pas de gardienne aux entraînements de la “une”. Cécile (Rouillon) en était l’entraîneure, Pierre (Weiss) qui s’occupait alors des gardiennes m’a proposé de rentrer dans le groupe. Et j’ai accepté le challenge. C’était il y a sept ans. Un grand merci à lui de m’avoir embarqué dans son délire.»
À force de travail, Fanny Medbou a saisi cette chance, portée par cette confiance placée en elle. « Pour être gardienne, il faut avoir un petit grain et je pense que je l’ai, je n’ai jamais eu peur de la balle, dit-elle avec bonne humeur. À ce poste, on a la possibilité de faire tourner un match en sortant un penalty ou une contre-attaque. Dans mon caractère, je rejoins Pierre (Weiss) et Stéphane (Schmidt), je n’aime pas perdre, j’ai un côté têtu et déterminé, j’aime quand ça bagarre.»
«Nous avons compris que notre propre temps de jeu est beaucoup moins important que le résultat de l’équipe»
Cette saison, il faudra de nouveau faire preuve de caractère pour atteindre l’objectif du maintien, ce que le club n’avait pas réussi à faire en 2021/2022, mais il avait rejoint ce niveau de façon impromptue, suite à la défection de l’US Altkirch.

«On avait alors l’impression d’être un peu les invités, cette saison, nous sommes mieux préparés, nous travaillons beaucoup plus aussi. Surtout, nous avons un chouette groupe avec plus de qualité à chaque poste et on s’entend très bien. Nous avons toutes conscience que nous sommes quatorze sur la feuille de match, mais qu’il y en a huit dans les tribunes et nous jouons chaque fois pour les vingt-deux. Que l’on ait deux minutes de temps de jeu ou cinquante-huit, cela ne change rien, on joue, on essaie, toujours pour apporter quelque chose à l’équipe. Nous avons compris que notre propre temps de jeu est beaucoup moins important que le résultat de l’équipe.»
Cette saison, ce sont trois gardiennes qui se relayent à Reichstett. Fanny Medbou est accompagnée de Johanna Heng et Céline Saier, arrivée cette saison du Strasbourg ATH II, alors que Paola Mougard-Camacho a quitté le terrain pour rejoindre le staff. «Avec “Jojo” et “Cécé”, ça se passe vraiment bien et “Pao” reste dans les parages, c’est important pour nous»
C’est pour assurer la transition, mais aussi pour passer une dernière saison avec son amie Laura Spaety-Antoni que Fanny Medbou a choisi de rempiler. « Je voulais arrêter il y a deux ans, mais je ne pouvais pas le faire sur une montée ratée. Et puis Clémence, la fille de Laura est née, on voulait vivre encore une saison pleine ensemble, faire partie de cette aventure. Arrêter sur un maintien en N1, ce serait sympa.»
«J’ai l’impression qu’il y a quinze nanas devant moi tant elles prennent de la place»
Le CSR est sur la bonne voie pour y parvenir. «Nous avons toutes envie de vivre ce truc ensemble. Le groupe n’a pas beaucoup changé depuis cinq ans, on se connaît bien, ce qui va nous sauver ce ne sont pas les individualités, c’est d’être vraiment ensemble sur le terrain.»
Cet état d’esprit collectif se manifeste notamment en défense, le traditionnel point fort de Reichstett qui est en ce moment la troisième. « Même si ça pêche parfois un peu en attaque, défensivement, on peut embêter beaucoup d’adversaires. Quand le mode est activé, j’ai l’impression qu’il y a quinze nanas devant moi tant elles prennent de la place. C’est un handball que j’aime bien, avec de la bagarre.»
Membre du comité « en charge des repas», Fanny Medbou, gestionnaire de service clients dans une filiale du Crédit Mutuel et grande fan du Racing, vit pleinement ses derniers mois de handballeuse.
« L’an dernier, nous avons vécu une saison presque parfaite et maintenant nous avons une dernière mission à remplir avant de passer le relais aux jeunes. Avec toujours la même devise “Cœur chaud, tête froide”.»
«J’ai autour de moi deux ou trois copines un peu folles»
Il sera temps alors, de passer à autre chose, l’esprit serein. «Je pense que je vais arrêter complètement. J’ai autour de moi deux ou trois copines un peu folles qui ont plein d’idées, rigole-t-elle. Alors, on va peut-être se retrouver à faire du triathlon, à nager dans les lacs, à faire du hip-hop ou encore se lancer dans des aventures “bikepacking”, voyager à vélo avec ses bagages.»
On l’a compris, Fanny Medbou, d’un naturel aussi joyeux que ses blagues légendaires, n’est pas prête de s’ennuyer…
Au top 🤩