«Je sens que j’ai encore besoin de temps, mais l’horizon s’éclaircit»

Au mois d’avril, handbelles.fr vous avait raconté l’histoire de Delphine Thiam, handballeuse à l’ESSAHB (Strasbourg/Schiltigheim).
Une histoire bouleversante de bagarre contre le cancer du sein, intitulée “Mine de rien, le handball me sauve un peu la vie”.
Une histoire profondément humaine, aussi brute que philosophique, racontée grâce à sa générosité et ses mots précieux.
En ce mois d’octobre partout teinté de rose, notamment dans les clubs de handball, pour rappeler l’importance du dépistage dans la lutte contre le cancer du sein, à travers l’opération “Octobre rose”, voilà des nouvelles de Delphine Thiam. Comme un premier post-scriptum.

Avant de vous lancer dans cette lecture, vous pouvez découvrir ou redécouvrir les neuf épisodes du si nécessaire et puissant témoignage de Delphine Thiam.

L’épisode 1 en cliquant ici.

L’épisode 2 en cliquant ici.

L’épisode 3 en cliquant ici.

L’épisode 4 en cliquant ici.

L’épisode 5 en cliquant ici.

L’épisode 6 en cliquant ici.

L’épisode 7 en cliquant ici.

L’épisode 8 en cliquant ici.

L’épisode 9 en cliquant ici.

Handball Delphine Thiam (ESSAHB) sur handbelles.fr Photo Meltem Kurhan<br />

Photo Meltem Kurhan

Récit…

«Quelques mois se sont écoulés depuis. J’ai essayé de reprendre de l’énergie, à l’entraînement, en-dehors du terrain aussi…

La fatigue liée à un sommeil compliqué me met des bâtons dans les roues, mais l’aube de chaque entraînement me maintenait motivée et énergique.

«L’impression que le corps ne se remet pas si vite qu’espéré et qu’il est plus fragile»

D’autres effets secondaires commencent à se faire sentir, des problèmes de mémoire, de réactivité, je perds mes mots…

L’hormonothérapie engendre aussi beaucoup de choses qui ne se voient pas. Les humeurs à gérer, toujours des bouffées de chaleur, des douleurs articulaires, des sécheresses douloureuses (le nez et les yeux constamment irrités). Tout est invisible, mais fatiguant aussi.

L’impression que le corps ne se remet pas si vite qu’espéré et qu’il est plus fragile. La preuve une récente grosse blessure en match (une luxation à l’épaule le 4 octobre à Montbéliard) qui, à mon sens, ne serait pas arrivée dans un corps “solide”.

«Autour de moi tout le monde pense que c’est fini, mais c’est loin d’être le cas»

Cependant je suis confiante pour la suite. Je sens que j’ai encore besoin de temps, mais l’horizon s’éclaircit !

En fait, c’est un peu bizarre cette fin de traitement (parce que je suis finalement aussi encore toujours en traitement toutes les trois semaines).

Mais les cheveux repoussent, je suis moins marquée physiquement et la terre continue de tourner.

Et autour de moi tout le monde pense que c’est fini, mais c’est loin d’être le cas. Mais c’est normal et on m’avait prévenue.

Par ailleurs, j’ai été très touchée par le fait que mon club de l’ESSAHB ait joué le jeu d’“Octobre rose” en me demandant même de choisir une association à laquelle j’aimerais que soit reversés les dons récoltés durant le mois d’octobre.

Chaque but marqué par toutes les équipes du club rapporte 25 centimes durant tout le mois.

La somme récoltée sera reversée à l’association “Un rayon de soleil”, le samedi 15 novembre aux Malteries à Schiltigheim, avec la présence des deux membres de cette association qui m’ont accompagnée durant tous ces mois de traitement.

Et vraiment, ça me tient à coeur et ça m’a fait très plaisir. ❤️»

Handball Delphine Thiam (ESSAHB) sur handbelles.fr Photo Meltem Kurhan<br />

«Avec mes coéquipières de l’ESSAHB, une équipe en or, cette année je me sens chanceuse. Malgré les écarts d’âges, l’ambiance est incroyable.» (Photo Meltem Kurhan)

Handball ESSAHB Strasbourg sur handbelles.fr<br />
Handball Delphine Thiam (ESSAHB) sur handbelles.fr Photo Meltem Kurhan<br />

Photo Meltem Kurhan

Cet été, Camilla Herrem, handballeuse internationale norvégienne, a annoncé souffrir d’un cancer du sein. Une histoire qui fait forcément écho avec celle de Delphine Thiam.

Publication IHF 3 septembre 2025

«La première chose qui m’a frappée c’est le fait qu’elle joue sans rien sur la tête…

«Toutes les personnes qui assument
la perte de cheveux,
je trouve ça tellement fort»

D’une manière générale, toutes les personnes qui assument la perte de cheveux, je trouve ça tellement fort. Plus encore que d’être sur un terrain en étant malade ou en sortie de traitements…

Je n’utilise volontairement pas le terme “guérie”, car ce n’est pas parce que l’on joue, rejoue, ou revient sur un terrain que l’on est sortie d’affaire. La preuve avec la basketteuse Tiana Mangakahia…

Je n’ai jamais supporté la perte de mes cheveux, me regarder dans un miroir sans rien sur la tête a été impossible pendant plusieurs mois, alors affronter le monde extérieur et le regard des gens… Impensable…

«Je pense avoir aggravé certains effets secondaires à la suite d’efforts trop intensifs»

Évidemment son retour à un tel niveau si rapidement après les chimios c’est remarquable.

Je ne peux pas comparer nos performances vu l’écart de niveau de jeu, mais pour ma part j’ai continué à jouer pendant mes chimios, peut-être aurais-je dû ne faire que les entraînements (j’imagine que c’est ce qu’a fait Camilla pour pouvoir ensuite revenir si vite), car les matches demandent une énergie folle…

Et on s’en rend compte encore plus en étant affaiblie par tout ça. Je pense d’ailleurs avoir aggravé certains effets secondaires à la suite d’efforts trop intensifs durant les matches…

«Je me retrouve dans tellement de témoignages de femmes atteintes de cancer»

Je n’ai pas lu d’articles ou de témoignages qu’elle a pu donner, pour plusieurs raisons. La première, c’est que je suis persuadée de savoir tout ce qu’elle a pu dire. Je me retrouve dans tellement de témoignages de femmes atteintes de cancer, que forcément une handballeuse atteinte de cancer qui fait tout pour jouer… ☺️

Ensuite, je pense qu’une partie de moi jalousais sa médiatisation, “l’exploit” décrit par les journalistes (à juste titre !), j’avais envie de dire égoïstement “Eh ! Pour moi aussi c’était dur!” 😅

Enfin, une autre partie ne voulait probablement plus entendre ni voir que d’autres femmes, jeunes, sportives, “healthy”, continuent d’être touchées par cette horrible bestiole invisible.

J’espère qu’elle récupère bien, j’imagine qu’elle doit être suivie de près par plein de médecins et je lui souhaite de retrouver son meilleur niveau.

«On espère retrouver cette énergie
qui permet de nous sentir vivante»

Je me suis beaucoup renseignée et j’ai souvent posé la question: “Combien de temps faut-il pour retrouver la vie d’avant ?” (sous-entendu, la forme physique).

Les réponses convergent vers des délais entre un an et deux ans après la fin des traitements (sans garantie aucune d’y parvenir), sachant que les miens finissent respectivement dans un mois, puis dans un peu plus de quatre ans, il faut faire le deuil de son niveau, de sa forme physique car il ne faut pas se mentir, je ne vais pas en rajeunissant non plus 😅.

Du coup, il faut donner plus, faire attention à ce que l’on mange, à ce que l’on boit (ma consommation d’alcool a drastiquement chuté 😅) et on espère retrouver cette énergie qui permet de nous sentir vivante entre les quatre lignes de ce terrain rectangulaire que l’on aime tant.»

Illustrations…

Handball Delphine Thiam (ESSAHB) sur handbelles.fr

«Récemment Yvan m’a emmenée à Nice pour fêter nos 3 ans ☺️.
Sa présence, en tant que chéri et coach, est un vrai soutien au quotidien.»

Handball Delphine Thiam (ESSAHB) sur handbelles.fr
Handball Delphine Thiam (ESSAHB) sur handbelles.fr