«Je suis une miraculée»

Hawa N’Diaye est une figure très attachante du handball alsacien. À bientôt 30 ans, elle poursuit son tour d’Europe et va évoluer au Monténégro la saison prochaine, au ZRK Buducnost Podgorica.
Mais Hawa N’Diaye, internationale sénégalaise formée à l’ASPTT Strasbourg, c’est aussi un parcours atypique, marqué par des épreuves particulièrement douloureuses dont elle a chaque fois su se remettre pour poursuivre sa route.
En trois épisodes, handbelles.fr vous emmène à la rencontre d’une jeune femme à la détermination sans faille.

Premier épisode: L’enfance et la découverte du jeu
Deuxième épisode: Les épreuves et les rebonds
Troisième épisode: La vie de handballeuse

Handball Hawa N’Diaye, Strasbourg, sur handbelles.fr

Hautepierre, la vie heureuse

L’histoire d’Hawa N’Diaye a commencé dans un quartier de Strasbourg, à Hautepierre. Elle est née dans son hôpital le 24 juillet 1995, elle a grandi dans ses mailles, elle a ouvert les yeux au monde dans ses lueurs.

Choyée par ses parents, sa maman Sadio, son papa Sara, encadrée par ses grands frères Bakari, Kama, Kaba et par sa petite sœur Fily, entourée aussi par ses multiples “cousines” qu’elles soient de la famille de sang ou de cœur. Pour former une joyeuse communauté.

«J’étais très timide
ou plutôt assez réservée disons»

«Mon enfance a été très heureuse, c’était une vie très simple, on jouait au foot dehors, à toutes sortes de jeux qui fédéraient énormément. C’est un fait qui m’interpelle d’ailleurs parce que c’est quelque chose qui manque beaucoup maintenant je trouve, alors que c’est une grande richesse.

J’étais très timide ou plutôt assez réservée disons. C’est surprenant, car aujourd’hui ce n’est plus du tout le cas, j’aime discuter avec les gens.
Je ne prenais pas de risques, je ne faisais pas de bêtises, j’écoutais mes parents, c’était une façon de les respecter.

C’était une enfance simple, efficace, je n’ai jamais manqué de rien, bien au contraire. Après, en sortant du quartier, j’ai bien sûr découvert autre chose, mais si c’était à refaire, je le referais tout de suite.»

Handball Hawa N’Diaye, Strasbourg, sur handbelles.fr

C’est aussi là, à Hautepierre, qu’elle fera une rencontre essentielle. Une rencontre qui va finalement déterminer une bonne partie de son existence et guider ses pas. C’est là, en effet, qu’elle va découvrir le handball.

«Un jour, on passait par là,
la porte du gymnase était grande ouverte»

«J’avais déjà eu un premier contact avec le handball à l’école, mais mes grandes “cousines” Adja (Sylla) et Niakalin (Sissoko) étaient déjà à l’ASPTT Strasbourg. Elles s’entraînaient au gymnase Brigitte avec Jean-Michel (Turin). Un jour, on passait par là, la porte du gymnase était grande ouverte. Je suis rentrée, cela m’a inspirée, je me suis inscrite.

J’ai commencé à 13 ans seulement, la même année, je passais les tests pour rentrer au Pôle de Strasbourg. Mais je n’étais pas du tout dans une logique de devenir professionnelle, je voulais juste faire du handball.

Je passais tout mon temps au gymnase, je ne pouvais pas rêver mieux. J’ai dû commencer en -16 ans avec Olivier (Ragot), il nous a appris le handball, mais il nous a éduquées aussi en donnant beaucoup de son temps.

Je me souviens encore de mon premier match, c’était à Reichstett, on avait perdu 58 à 3, on ne savait pas jouer. Je n’oublierai jamais ce moment. Il y avait du boulot, c’était génial.»

«J’ai toujours été hyper compétitrice,
c’est vraiment ça qui m’anime»

Hawa N’Diaye, on va s’en rendre compte encore plus vivement plus tard, n’est pas du genre à renoncer ou à fuir devant l’adversité. Le handball était entré dans sa vie, elle allait s’accrocher. Déjà et toujours.

«Au début, j’aimais bien tous les sports, j’étais tout le temps dehors à jouer avec les garçons. Et j’ai toujours été hyper compétitrice aussi, c’est vraiment ça qui m’anime.

Le handball m’a permis de rencontrer de nouvelles personnes, il a fallu s’adapter aux gens, au jeu. J’ai toujours été très équipe aussi, c’est une dimension importante. Plus que le sport en lui-même, ce sont ces choses-là qui m’ont accrochées.»

Handball Hawa N’Diaye, Strasbourg, sur handbelles.fr

Dès ses premiers pas sur un terrain, Hawa N’Diaye a été placée au poste de pivot. Un poste qu’elle s’est appropriée d’emblée avec ses difficultés, avec toutes ses caractéristiques.

«Petite, j’étais aussi un peu bagarreuse et ce poste reflète parfaitement ma personnalité, je me retrouve dans tout.

Au début, c’est compliqué, on est un peu inexistante, on ne reçoit pas beaucoup de ballons, mais j’ai toujours bien aimé défendre aussi.

«Je n’ai pas de problème à me mettre en retrait pour aider les autres»

Dans un premier temps, en arrivant au Pôle, j’aimais bien cette dimension de combat. C’est un poste très physique. Il correspond aussi à ma personnalité. Il faut se sacrifier pour les autres, faire des blocks. C’est parfois ingrat, mais je n’ai pas de problème à me mettre en retrait pour aider les autres, en revanche quand je suis seule, j’aime bien qu’on me fasse une passe quand même, hein. (rires)

Maintenant que j’ai un peu plus d’expérience, je me rends compte qu’il faut vraiment sentir le jeu, avoir un peu d’intelligence tactique. Il faut s’adapter aux autres, limite lire dans les pensées de tes coéquipières et quand tu y arrives, c’est fort.

C’est un poste qui a connu une belle évolution aussi. Avant, on te mettait là pour ton gabarit parce que tu étais un peu grosse souvent. Aujourd’hui, si tu ne mises que sur le physique, tu n’existes pas. Il y a beaucoup de styles différents de pivots aussi et je trouve ça génial, les équipes recrutent souvent des profils complémentaires et je kiffe ça.»

«Il faut être combative, mais tactique aussi»

Un autre domaine primordial du jeu où Hawa N’Diaye excelle, c’est la défense. Un exercice où elle peut donner libre cours à son caractère de battante.

«C’est mon secteur préféré. J’ai toujours été en poste 3, il faut arriver à driver, à fédérer pour trouver des solutions. Il faut être combative, mais tactique aussi. Établir des plans ensemble, des stratégies et être parfaitement coordonné sur le terrain. Cela demande beaucoup d’énergie, mais quand ça fonctionne, il n’y a pas de plus grande jouissance.»

Après la découverte du jeu à l’ASPTT Strasbourg, Hawa N’Diaye a donc presque simultanément rejoint le Pôle en 2009. Elle y passera quatre années pour parfaire son apprentissage.

«Nous avons appris la rigueur, la discipline,
le goût du travail, beaucoup de valeurs»

«Dieu merci, le Pôle était alors à Strasbourg, je pouvais rentrer chez moi le soir. Pour rien au monde, je n’aurais aimé tomber dans un autre Pôle. “Fred” (Demangeon) était pour moi le meilleur formateur, “JB” (Jean-Brice Gaillard) était exceptionnel aussi.

Nous avons appris la rigueur, la discipline, le goût du travail, beaucoup de valeurs. On était dans de très bonnes conditions. Ce sont des personnes qui nous ont éduquées aussi. Avec beaucoup de bienveillance.

Il faut être honnête, à l’époque on recrutait plus sur le physique, on ne savait pas encore vraiment jouer. J’ai failli arrêter après la première année, on ne faisait que du physique, du gainage pour être plus fortes plus tard.

Mais durant les deuxième et troisième années, j’ai commencé à comprendre que je pouvais peut-être devenir professionnelle…»

Mais le chemin ne sera pas du tout linéaire, il a même failli s’arrêter très brutalement. On le découvrira dans le deuxième épisode.

À suivre…

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