En immersion avec Delphine Thiam (épisode 5/9)

«Mine de rien,
le handball me sauve un peu la vie»

Delphine Thiam est une joueuse emblématique de l’ESSAHB (Strasbourg/Schiltigheim) qui évolue en Nationale 2. Mais Delphine Thiam, durant cette saison 2024/2025, est surtout en train de vivre une épreuve pas comme les autres. Atteinte d’un cancer du sein, elle n’aura pourtant manqué qu’une poignée de matches durant son traitement. Son attachement viscéral au handball lui servant de fil conducteur, ou plutôt de fil d’Ariane, pour la mener à la guérison.

Néanmoins, parfois, Delphine Thiam a vacillé. Quand les douleurs étaient trop fortes. Quand les angoisses étaient trop virulentes. Quand les nuits étaient trop longues.

«Elle m’a fait vivre l’enfer, 
me faisant ressentir un mal-être indescriptible»

«Le cancer, il se subit surtout à travers ses traitements, a-t-elle publié le 27 janvier dernier sur ses réseaux sociaux. Le traitement c’est la chimio, depuis le 13 août 2024 elle rythme ma vie, mais pas seulement… Elle anéantit/détruit les cellules cancéreuses ou saines, mais tellement plus que ça… 
– Elle m’a fait perdre du poids, ma joie de vivre, le job de mes rêves, la confiance en moi, mes envies, mais surtout mes cheveux et bientôt mes seins.
 - Elle m’a fait vivre l’enfer, me faisant ressentir un mal-être indescriptible, elle a joué avec mon cerveau, et me brouille l’esprit et certaines fonctionnalités cognitives… Elle m’a donné envie de tout arrêter, de hurler, ou de rester enfermée dans ma chambre seule en boule dans mon lit.
 - Elle m’a poussé dans mes retranchements, dans des fatigues si fortes que je ne pouvais finalement pas dormir. Elle m’a aussi donné chaud (trèèèès chaud et très souvent), tout le temps soif, asséchée, ne plus pouvoir déglutir, à moucher du sang constamment depuis des mois…
 - Elle fait mal aux articulations, aux muscles, au ventre, à la tête, aux entrailles, à tout.. mais surtout à mon p’tit cœur. - Elle assombrit mes ongles, les poches sous mes yeux, mon avenir et mes projets. - Elle bouscule mes proches et mes envies.
 - Elle met à l’épreuve mon transit, parfois ma détermination, mes amitiés, mon couple, mes peurs et mes angoisses. 
– Heureusement elle révèle de nouvelles amitiés, met en évidence les choses qui ont vraiment de l’importance et celles qui en ont moins.
 - Elle m’a mis en ménopause, en dépression, mais pas encore à terre.
 - Mais elle ne m’avait pas encore enlevé ma passion (le handball), c’est chose faite à présent.»

«J’ai récolté une vague d’amour
à laquelle je ne m’attendais pas»

Être malade n’a rien de romantique, être malade ce sont aussi des choses vécues, des choses crues, puissantes, vibrantes.

«J’avais la volonté d’en parler, mais uniquement une fois la plus grosse phase terminée avec des résultats encourageants. Pour que tout le monde soit au courant, pour ne plus avoir ce fardeau à porter.

J’avais besoin de le dire de cette façon comme pour exprimer que c’était passé maintenant, qu’il n’y avait plus besoin de s’inquiéter. Mais aussi pour dire par quoi j’étais passée.

Moi, avant d’être touchée, je ne savais pas trop ce que ça impliquait, comme tous les effets secondaires par exemple. Je ne comprenais pas non plus pourquoi il fallait d’abord passer par les chimios avant l’opération. Je sais maintenant que c’est pour savoir si le traitement fonctionne tant que la tumeur est là. Expliquer ce qu’il se passe me semblait important.

J’ai récolté une vague d’amour à laquelle je ne m’attendais pas. Je me suis rendue compte que j’avais peut-être plus d’importance que ce que je pensais. Ça m’a fait un bien fou, mais c’est aussi perturbant.»

Illustrations…

«Dernière chimio ! On fête ça avec une photo et un pull qui me met la joie…🥰»

«L’effet de la chimio visible sur les ongles, même plusieurs mois après la dernière, masqué depuis des mois par du vernis alors que je n’en mettais jamais.
Mais voir ça au quotidien est un peu déprimant…»