«Mine de rien,
le handball me sauve un peu la vie»
Delphine Thiam est une joueuse emblématique de l’ESSAHB (Strasbourg/Schiltigheim) qui évolue en Nationale 2. Mais Delphine Thiam, durant cette saison 2024/2025, est surtout en train de vivre une épreuve pas comme les autres. Atteinte d’un cancer du sein, elle n’aura pourtant manqué qu’une poignée de matches durant son traitement. Son attachement viscéral au handball lui servant de fil conducteur, ou plutôt de fil d’Ariane, pour la mener à la guérison.
Notre récit reprend au mois de mars 2024. Delphine Thiam, habituées aux défis professionnels, venait, lassée, de quitter son emploi.
Mais allait avoir une jolie surprise en ouvrant sa boîte mail.
«J’ai vécu la plus belle expérience de ma vie»
«J’ai reçu un premier message, je me suis dit que c’était sûrement un spam, puis un deuxième et j’ai finalement ouvert le troisième. Il venait du COJO, de Paris 2024. J’avais postulé l’année précédente pour travailler pendant les Jeux olympiques, mais je n’y pensais presque plus. Et j’ai commencé au mois de mars.
J’étais en charge de la livraison des sites, c’est-à-dire de la transformation des sites pour les JO. Je gérais les chantiers, l’arrivée des prestataires pour monter tous les éléments nécessaires pour accueillir le public, depuis les VIP jusqu’aux toilettes en passant par la restauration, les bureaux. C’était un travail de titan.»
Les semaines se passent. Denses. Trépidantes. Mouvementées. Partagées. Mémorables.
«C’était enrichissant de dingue! J’ai appris tellement de choses et même encore maintenant a posteriori.
J’ai vécu la plus belle expérience de ma vie au point de vouloir revivre ça que ce soit à Los Angeles ou aux Jeux d’hiver de 2030, j’ai envie de rester là-dedans. J’en ai pris plein les yeux.
J’étais sur les sites autour du Pont Alexandre III, du Grand Palais. J’ai découvert tous les méandres de cet édifice magnifique, pris une quantité de photos de levers de soleil sur le toit. Je me disais: “Mais quelle chance j’ai d’être ici”!»
«Et là, tout bascule. Pas tout de suite,
mais en quatre jours»
Au mois de juillet, en plein week-end festif avec son compagnon, l’ancien handballeur Yvan Gérard, le climat change. Radicalement. Brutalement. Incompréhensiblement.
«On était à un mariage avant de passer le dimanche aux Eurockéennes de Belfort. On avait loué un petit appartement pour être bien. En m’étirant le matin dans mon lit, je sens une boule dans mon sein.
Et là, tout bascule. Pas tout de suite, mais en quatre jours. On était le 7, le 11 j’ai eu le résultat de la biopsie et c’est Yvan, qui a tout de suite compris en voyant le compte-rendu de l’IRM que c’était une tumeur, qui me l’annonce.
Et là, je ne comprends pas ce qu’il se passe. Les rendez-vous s’enchaînent. Il était hors de question de m’arrêter de travailler, il y avait les Jeux.
La cérémonie de clôture était le 11 août, j’ai pu voir le résultat de notre travail et j’ai adoré pouvoir vivre ça de l’intérieur. J’ai fait ma première chimio le 13. Le timing a été bon. Mais c’était dur de partir, oui c’était très compliqué…»
(À suivre…)
Illustrations…








«Avec Yvan et ma maman.»


«Avec mon frère Mathieu qui a eu la chance d’entrer sur les sites avant tout le monde pendant une journée portes ouvertes qui avait été organisée pour un membre de la famille des personnes du staff.»



«Avec mon amie Mylady au mariage, la veille de la découverte de la tumeur, sans savoir encore que c’était ça.»

«Aux Eurockéennes de Belfort le lendemain.»