L’ascendante trajectoire
de Claire Koestner

À 19 ans, Claire Koestner vient de passer une étape importante dans sa jeune carrière en signant, avec le prestigieux club de Metz, son tout premier contrat de handballeuse professionnelle. L’occasion de remonter le temps pour raconter le brillant parcours de cette meneuse de jeu éclairée qui a souvent su prendre son destin en main.

Si la grande nouvelle a été dévoilée la semaine dernière, Claire Koestner, elle, la connaissait depuis quelques temps déjà.

«Ça fait un petit mois maintenant que tout s’est concrétisé et je suis super contente, raconte-t-elle avec bonne humeur. J’avais parlé avec Nina (Kanto, l’ancienne internationale, responsable du centre de formation de Metz) de ma volonté de jouer à un niveau supérieur que la Nationale 1 la saison prochaine. J’ai aussi été bien aidée par Éric Baradat, mon coach en équipe de France U20, qui me suit de près depuis longtemps. En ce moment, c’est compliqué de jouer à mon poste avec Metz en équipe première, alors cette proposition est ce qui pouvait m’arriver de mieux. Je vais jouer à un niveau supérieur tout en restant attaché à Metz.»

«C’est la meilleure proposition
que je pouvais avoir»

La demi-centre alsacienne a en effet signé un contrat de deux ans avec son club formateur, mais sera prêtée à Saint-Amand (D1) durant cette même période. Cela va lui permettre de compléter sa formation, de s’aguerrir, tout en découvrant pleinement le plus haut niveau.

«C’est hyper gratifiant parce que Metz ne fait pas ces choses avec tout le monde. C’est très bien, je vais rejoindre un club de LBE d’un niveau plus abordable pour moi. C’est la meilleure proposition que je pouvais avoir.»

Un premier contrat professionnel est toujours une étape particulièrement importante. Comme un nouveau jalon posé là, dans la lumière. Avant de continuer à construire son destin.

«Je suis la petite dernière,
j’ai toujours été hyper proche de ma famille,
de mes parents»

Le handball est arrivé d’une façon progressive dans la vie de Claire Koestner, née à Colmar le 10 février 2006, avant de passer son enfance à Strasbourg, dans le quartier de la Robertsau, choyée par ses parents Claude et Marianne, comme par son grand frère Pierre et sa grande sœur Emma.

«Je suis la petite dernière, j’ai toujours été hyper proche de ma famille, de mes parents, ils viennent me voir presque tous les week-ends. Et tout le monde aime le sport, cela nous rapproche encore d’une autre manière. Petite, j’étais quelqu’un de très émotive, je pleurais un peu pour tout, rigole-t-elle aujourd’hui. Mais j’étais aussi très dynamique, un peu hyper active en fait. J’ai toujours fait deux sports en même temps par exemple, je n’arrivais pas à choisir entre le tennis, la natation et le handball. C’est en entrant au Pôle à Barr que j’ai dû faire un choix. C’était difficile d’arrêter la natation parce que j’aime ça, ma spécialité c’était le crawl, mais c’est quand même le handball qui me plaisait le plus.»

Et ce drôle de sport si attachant, elle l’a découvert d’une drôle de manière.

«C’est une histoire de hasard en fait. En CE2, il y a eu une intervention dans mon école, plusieurs joueurs pros de l’ESSAHB sont venus faire une initiation avec Marc Schirmer (grand formateur alsacien, à l’origine de nombreuses vocations). À l’époque, j’étais un peu plus grande que les autres, j’avais des qualités physiques, j’étais une athlète et il m’a directement proposé d’essayer. Les entraînements étaient le mercredi, le seul jour où ma mère ne pouvait pas me garder, alors depuis ce moment, j’ai passé tous mes mercredis après-midi au gymnase Karabatic en enchaînant quatre entraînements jusqu’au retour de ma mère.»

«Après la première fois,
j’ai tout de suite voulu y retourner»

Claire Koestner a alors 9 ans, elle va passer les sept années suivantes à l’ESSAHB (Strasbourg/Schiltigheim) pour amadouer avec conviction ce nouveau sport entré dans sa vie. Avec lequel elle s’est tout de suite sentie à l’aise.

«Je n’avais jamais fait de sport collectif avant, il m’a permis d’avoir des copines directement et j’ai tout de suite eu un niveau au-dessus de la moyenne, je tirais fort par exemple. Après la première fois, j’ai tout de suite voulu y retourner. J’adore toujours l’eau, j’adore nager, mais pendant les entraînements de natation, tu ne parles à personne, tu nages. J’ai tout de suite aimé l’esprit du hand.»

Toutes ces années ont été importantes, des liens précieux ont été tissés avec ses coéquipières, comme avec son premier formateur.

«C’est grâce à Marc (Schirmer) que j’ai commencé et c’est aussi le premier qui a cru en moi. Alors un grand merci à lui. Je n’oublierai jamais toutes ces années passées à l’ESSAHB. J’ai d’ailleurs eu la chance de croiser de super coachs tout au long de mon parcours. Que ce soit Pierre Mangin à l’ASPTT, Corinne Krumbholz, Maxime Fistola et Alexandre Bailly au Pôle et bien sûr Nina Kanto au centre de formation de Metz. Un grand merci à toutes les personnes que j’ai pu croiser sur mon chemin.»

«Metz, c’est une proposition qui ne se refuse pas»

Le monde des seniors, c’est à l’ASPTT Strasbourg que Claire Koestner va le découvrir, juste après les années Covid, en 2021/2022.

«Je suis presque passée directement des -15 ans à la Nationale 1 et je ne pouvais pas rêver mieux comme endroit pour découvrir ce niveau. Tout le monde a été adorable avec moi, il y avait une super ambiance, je suis toujours en contact avec les filles. J’étais super stressée au début, mais je n’avais presque plus envie de partir à la fin de cette saison, c’était une super année.»

Avec ses coéquipières de l’ASPTT Strasbourg lors de la saison 2021/2022…

Car une autre proposition l’a vite conduite ailleurs, un peu plus loin, mais beaucoup plus haut, du côté de Metz, le club le plus prestigieux du handball féminin français.

« Je suis partie limite deux ans en avance, j’avais une année le statut de partenaire avant de rentrer pleinement au centre de formation l’année suivante. Metz, c’est une proposition qui ne se refuse pas. Mais c’est quand même un choix difficile aussi parce que ça veut dire passer toute la semaine loin de la maison. Heureusement, je me suis tout de suite installée chez mon papy, Jean-Claude, il habite à Metz, à cinq minutes des Arènes, à dix minutes du lycée. Je ne regrette pas d’y être allée si tôt, dès la première année, c’était top.»

Avec ce regard bienveillant, dans cet autre cadre familial, Claire Koestner, poursuit son ascension. Et sur le terrain, comme dans sa vie quotidienne, elle a dû s’adapter à toute vitesse.

«Je suis quelqu’un d’assez timide et de stressée, il a vite fallu absorber le projet de jeu, surtout à mon poste, mais ça c’est tout de suite très bien passé. Les filles ont été super avec moi, le staff aussi. J’ai joué rapidement puisque Delia (Golvet), l’autre demi-centre, était blessée et j’ai commencé à installer de bonnes relations avec les filles et avec Nina (Kanto)

Avec ses coéquipières de la réserve de Metz lors de cette saison 2024/2025…

«Aujourd’hui, je suis convaincue que c’est mon poste »

Car à son poste de meneuse de jeu, il faut savoir faire preuve d’aplomb, de maîtrise, de connaissance comme d’initiative.

«J’ai d’abord été arrière gauche et c’est en sélection avec les Intercomités que j’ai découvert ce poste. Claude Meier et Dany Weitz (les deux entraîneurs emblématiques de la sélection bas-rhinoise) m’ont dit que j’avais une bonne vision du jeu et ils m’ont orientée au poste de demi-centre. La vraie bascule s’est ensuite faite au Pôle. Aujourd’hui, je suis convaincue que c’est mon poste. J’aime bien avoir la vision sur tout le terrain. Surtout, si j’aime bien marquer bien sûr, ce que je préfère, c’est arriver à mettre les autres en valeur par rapport à leur jeu en développant l’aspect tactique pour y parvenir. C’est beaucoup de responsabilités, c’est parfois dur, mais c’est ça qui est intéressant. Il faut savoir s’adapter.»

«La remise des maillots est un moment fort.
On se dit que maintenant, il va falloir le respecter
et être à la hauteur»

Ses aptitudes sont telles qu’elle a très vite rejoint la sélection ultime, l’équipe de France. Une aventure commencée avec les U16 et prolongée sans interruption jusqu’à maintenant avec les U20.

«J’ai vécu ma première compétition internationale avec les U16 en Suède, à Göteborg, où on a terminé troisième, mais en battant la Norvège. Avec les U17, on a gagné l’Euro au Monténégro (en 2023), c’était magique, on avait presque l’impression d’être inarrêtables avec une victoire marquante contre la Hongrie après avoir été menées de cinq buts à la mi-temps. L’été dernier, c’était une petite déception de terminer quatrième du Mondial U18 en Chine, cela nous rappelle qu’il ne suffit pas d’être la France pour gagner une médaille, il faut faire les efforts. Cet été, ce sera l’Euro U20 où nous essaierons de défendre notre titre.»

Porter ce maillot bleu est forcément quelque chose de vibrant.

«La première sélection est toujours quelque chose d’incroyable. On fait un premier stage avec beaucoup de joueuses, puis un autre et ainsi de suite, la liste se réduit petit à petit. J’étais avec mes parents quand j’ai appris la nouvelle. La remise des maillots est un moment fort aussi. On se dit que maintenant, il va falloir le respecter et être à la hauteur. À chaque liste, il y a toujours autant de fierté d’y figurer. L’équipe de France, c’est un bonus incroyable dans une carrière. Il y a une réflexion tactique et technique encore supérieure, des séances vidéo, on approfondit vraiment le handball. Et on est placé dans les meilleures conditions pour réussir avec un staff hyper compétent, quinze personnes sont là pour nous accompagner dans tous les domaines. Il y a plein de choses que je découvre, on apprend l’exigence, ça donne envie de travailler. »

«C’est ambitieux, mais cela permet de savoir pourquoi je fais tant d’efforts aujourd’hui»

Claire Koestner, qui apprécie de cuisiner, de lire, de suivre Koh-Lanta ou de regarder une bonne série, prépare une Licence en distanciel à l’EM Lyon avec un rythme de travail adapté à sa condition de sportive de haut niveau.

«C’est une solution idéale comme je ne sais pas trop quoi faire plus tard. Pour le moment, j’ai validé toutes mes matières, c’est cool. Les études permettent de trouver un équilibre, c’est vraiment important. Mais à l’heure d’aujourd’hui, j’ai surtout envie de faire carrière dans le handball et j’aimerais bien être coach ou arbitre plus tard. Du moins, c’est ce que j’imagine maintenant, ce sera peut-être autre chose dans quelques années.»

Car, on l’a compris, pour le moment, Claire Koestner est d’abord concentrée sur son parcours de handballeuse et a très envie de tout faire pour voir jusqu’où cela va la mener.

«J’ai envie d’aller le plus loin possible, de progresser chaque jour, c’est hyper important. J’ai des objectifs assez élevés sans savoir si je pourrais les atteindre. Ce serait de jouer un jour en équipe de France A et dans un grand club en France ou à l’étranger, jouer la Ligue des champions, la gagner. C’est ambitieux, mais cela permet de savoir pourquoi je fais tant d’efforts aujourd’hui, cela ne peut que m’aider à travailler davantage.»

Claire Koestner est arrivée à un joli palier en entrant dans le monde du handball professionnel, mais elle a surtout envie de continuer son itinéraire ascendant. Avec une détermination sans faille, à son rythme, en cherchant toujours un peu plus de lumière…

Photos bonus…

«Je dois avoir 8 ou 9 ans, c’était mon premier tournoi des écoles de hand à Reichstett.»

«Avec Marc Schirmer et deux anciennes coéquipières de l’ESSAHB, Karla et Agathe.»

«Vacances à Fréjus, comme tous les ans.»

«Repas en famille.»

«Avec mes anciennes coéquipières de l’ESSAHB au retour du Mondial en Chine.»