
Au mois d’août 2015, “Dédé” Fromm et ses joueuses préparaient leur arrivée en championnat de France…
“Dédé” était un personnage haut en couleurs et chaque joueuse passée entre ses mains garde des souvenirs précieux, heureux, douloureux aussi parfois de ses entraînements. Car avec énergie, avec exigence, avec créativité, avec bienveillance surtout, il cherchait à ce que chacune puisse donner le meilleur d’elle-même.
Des générations de handballeuses, à Illkirch, à l’AS Strasbourg, à Reichstett et bien sûr à Seltz où il est arrivé en 2006, ont progressé en bénéficiant de ses conseils avisés. Ont surtout appris quelques valeurs précieuses pour la vie. Et bien des éducateurs ont suivi son exemple.
“Dédé”, grand ambassadeur du “Picon bière”, prônait aussi la convivialité dans le sport, à travers l’organisation de stages champêtres, à travers des troisièmes mi-temps prolongées. Il parlait avec dérision de sa précoce calvitie depuis des dizaines d’années et jusque dans les dernières semaines pendant son traitement. N’hésitait jamais à placer quelques mots en Alsacien dans une conversation. C’est aussi de ces petites choses, dérisoires et heureuses, dont il faudra se souvenir…
Mais le mieux est encore de se replonger dans ses propres mots prononcés il y a quelques semaines dans le gymnase de Seltz, un lieu si cher à son cœur…

“Dédé” Fromm (71 ans), sapeur-pompier à la retraite, arrivé au HBC Seltz en 2006.
«Le handball m’a beaucoup apporté»
Plus personne ne l’appelle André depuis une éternité, il est simplement “Dédé” pour tout le monde. Et “Dédé” Fromm est une figure du handball alsacien. Membre fondateur du HAIG, il a formé avec application des générations de jeunes joueuses, que ce soit à Illkirch donc, à l’AS Strasbourg ou à Reichstett, avant une brève parenthèse masculine à Betschdorf. Mais il a aussi accompagné et façonné avec passion ses équipes, dans les catégories jeunes ou seniors, en championnat de France ou ailleurs, pour les emmener au plus haut de leurs possibilités. C’est lui, après avoir effectué un long travail de fond, qui a fait découvrir le championnat de France au HBC Seltz en 2015.
«Je suis venu à Seltz en 2006 alors que je voulais prendre ma retraite d’entraîneur. David Toupiolle m’a proposé de venir, il y avait alors trois équipes seniors filles qui jouaient en départementale avec des jeunes, mais surtout des plus anciennes et des masculins. Je n’ai pas dit oui tout de suite parce que pour moi qui avait surtout coaché en championnat de France, c’était difficile de me plonger dans le handball loisir.
«Il fallait me supporter, les matches se terminaient souvent à 4 heures du matin, mais on a surtout bien bossé»
Mais tout s’est très bien passé, on a défini trois groupes de travail en intégrant les jeunes de la région. Et, petit à petit, il y a eu une évolution. Bon, il fallait me supporter, les matches se terminaient souvent à 4 heures du matin (rires), mais on a surtout bien bossé. Et puis des filles comme Sophie Lefrançois ou Shary Mohet sont arrivées pour apporter leur expérience.
On est monté pour la première fois en championnat de France, en Nationale 3, en 2015. Grâce à tous ceux qui se sont investis pour aller plus loin qu’un club de campagne. Bon, à un moment donné, on m’a aussi dit qu’il fallait un entraîneur plus jeune et je suis retourné avec les -18 ans. L’objectif actuel serait peut-être d’ailleurs de remonter en Nationale, d’avoir une équipe de -18 ans en championnat de France aussi.
«Je n’ai jamais réussi à me défaire des filles»
Actuellement, je suis un peu le promeneur, j’ai pris ma licence, comme depuis 42 ans, pour ne pas casser le rythme. Le handball m’a beaucoup apporté. Avant, j’étais à la limite d’être un voyou et le handball m’a beaucoup aidé à me stabiliser, surtout le fait de devoir gérer des jeunes.
Je n’ai jamais réussi à me défaire des filles (rires), il y a juste eu une parenthèse à Betschdorf avec les masculins. Les filles, c’est un autre monde, elles sont plus sérieuses dans leur engagement, plus facilement gérables et elles ont envie de te faire plaisir.
«Pourvu que tout cela dure et que l’on arrive un jour à retrouver le niveau national»
Cet été, tout le club va partir en tournoi à Barcelone, les filles comme les garçons, Maria (Cérézo, la présidente) fait un boulot, oh la la, c’est fou ! Pourvu que tout cela dure et que l’on arrive un jour à retrouver le niveau national en jeunes et en seniors. On est sur la bonne voie. Mais un club se construit par en-bas et il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.»
