(Photo Georges Cantarutti/Hand’Day)

Maïlys Carmaux forme, avec Yasmine Diar, un jeune binôme particulièrement stable et sillonne l’Hexagone chaque semaine pour arbitrer des matches de handball aussi bien masculins que féminins. À 25 et 24 ans, les deux jeunes femmes n’ont cessé de progresser ensemble, depuis sept ans déjà, dans la hiérarchie du monde du sifflet.

L’activité est passionnante, mais aussi prenante, car il faut parvenir à jongler entre l’arbitrage, sa vie personnelle et professionnelle, Maïlys étant psychologue du travail et Yasmine kiné.

«Nous arbitrons au niveau Élite de la FFHB, principalement en Proligue, explique Maïlys. Nous sommes aussi engagées au niveau de la Ligue du Grand Est où nous avons la responsabilité de la commission féminisation de la CTA. Elle vise à promouvoir l’arbitrage et l’encadrement féminin et développe un projet en trois axes: la médiatisation, la fidélisation et la prévention des incivilités. Nous avons une commission composée actuellement de six bénévoles et nous avons plein d’idées pour atteindre nos objectifs. Par ailleurs, nous tutorons bénévolement toutes les deux des jeunes binômes de la Ligue (2 binômes pour Yasmine et 3 pour moi). L’objectif de ce tutorat est de leur donner des conseils de haut niveau dès le début de leur parcours. Ce sont des jeunes hommes et femmes prometteurs, tutorés par des arbitres Élites et Pré-Elites de la Ligue.»

Aujourd’hui, nous allons suivre Maïlys Carmaux dans une de ses folles journées (en janvier, ce sera au tour de Yasmine Diar).

C’était le samedi 21 décembre, il était entièrement orienté sur le match de Proligue du soir entre Sarrebourg et Besançon. C’est parti…

Ma journée commence toujours par un grand verre d’eau fraîche citronnée. C’est mon petit dej… Ça me permet de me réveiller en douceur…
Ensuite, je suis sortie promener mon chien, c’est un berger australien. Ça me permet de faire un petit réveil musculaire tout en prenant du plaisir au grand air (frais) alsacien…

Mon chien a 10 mois, il s’appelle Aka (ça veut dire “ombre” en Hawaïen). Pour la petite histoire nous avons adopté Aka à notre retour d’Hawaï (je suis fan de la série Hawai 5-0, alors avec mon conjoint nous avons passé un mois là-bas l’année dernière), et nous l’avons appelé Aka, car depuis notre retour d’Hawaï, il est comme notre ombre, toujours avec nous. 🙂

Il est dans sa période d’adolescence, nous vole toujours nos affaires et adore courir derrière les animaux en forêt…

En fin de matinée, je suis allée voir un match de l’un des binômes que je tutore, Erwan et Loïc. Ce jeune binôme est très motivé et vraiment prometteur. Ils arbitraient lors d’un tournoi de -16 ans filles. Je leur ai donné quelques conseils sur la base des grilles de lectures que nous utilisons également pour analyser nos matches.

Après avoir mangé, j’ai regardé deux mi-temps de matches (une de chaque équipe que j’arbitre le soir). Nous connaissons les deux équipes, car nous les avons déjà arbitrées à plusieurs reprises. Avant chaque match, je prends le temps de faire de la vidéo. Si je n’ai pas le temps la journée, je le fais dans la semaine. D’ailleurs, Yasmine et moi séquençons chacun des matches que nous arbitrons. La FFHB nous met à disposition “Darfish” de manière à pouvoir analyser nos rencontres, c’est ce que nous faisons systématiquement. L’une d’entre-nous séquence le match et nous débattons des situations. Nous veillons à faire ce travail chaque semaine avant le match suivant.

Après la sieste je suis allée en voiture jusqu’au lieu de la rencontre (Sarrebourg). Nous arrivons 1h45 avant le match en général. Une fois dans la salle, je rejoins Yasmine et nous retrouvons le délégué de la rencontre, Patrick Bernardi. Nous connaissons très bien Patrick et c’est toujours un plaisir de partager les rencontres avec lui. Le délégué est très important sur un match. D’ailleurs, nous avons coutume de dire que nous formons un trinôme avec le délégué.

Après la réunion technique du délégué avec les officiels du match, nous échangeons un temps au sein du trinôme de manière à acter comment on va travailler ensemble sur la rencontre.

Ce qui est mis en discussion c’est: qu’est ce que l’on attend du délégué, comment on communique au travers des oreillettes, comment on gère de potentiels coaches virulents… On se rappelle aussi des fondamentaux: on prend le temps lors des sanctions de manière à ce que les OTM (Officiels de Table de Marque) ne se trompent dans la partie administrative, on n’hésite pas à se parler dans les oreillettes…

Ensuite, on va s’échauffer. Avec Yasmine on a un protocole d’échauffement assez rôdé, ce qui nous assure une concentration similaire d’une semaine à l’autre. Nous avons co-construit ce protocole entre nous, avec le support de notre préparateur mental (mis à disposition par la FFHB). Ce protocole est interne au binôme, chaque binôme a le sien. Ce protocole nous prépare physiquement et mentalement.

Pour certains matches, la préparation mentale commence déjà durant la semaine. Lors des très grosses rencontres, notre préparateur mental nous enregistre une visualisation mentale que nous écoutons régulièrement pendant la semaine.

Ensuite, le match commence…

Après le match, nous clôturons la FDME (feuille de match) avec l’aide des OTM et du délégué. Nous débriefons la rencontre entre nous, les bonnes et les mauvaises décisions. En général, nous sommes relativement lucides sur notre prestation. Nous savons où sont nos axes de progrès ou au contraire nos points forts. Cette lucidité est permise par une communication très franche entre nous. La bienveillance et le bien du binôme est notre marque de fabrique: on se dit tout, mais encore une fois dans la bienveillance.

Après le match, nous avons aussi un temps d’échange avec les officiels de la rencontre: le délégué et les deux OTM dont Philippe Guardiola (à gauche sur la photo).

Sur cette rencontre, nous avions invité Erwan et Loïc, un des jeunes binômes que je tutore (ceux du matin) à analyser notre match. Nous leur avons expressément demandé de nous critiquer, sans filtre, et de nous donner leur point de vue sur chacune des rubriques d’analyse. Pour ce faire, je leur avait imprimé une feuille d’analyse de nos matches. Ils ont pu être placés à côté du statisticien dans les gradins pour bien voir le match. Ils ont très bien réussi l’exercice, et ont eu une analyse très cohérente.

C’était un match à 18h, avec le tutorat et la route, je suis rentrée vers 21h30.