Yosr Mostefaoui, au nom des siens
À 18 ans, Yosr Mostefaoui s’est lancée dans sa troisième saison au Strasbourg ATH et fait désormais partie des six joueuses du tout nouveau centre de formation du club alsacien. Une suite logique pour poursuivre sa belle progression.
Tout a commencé du côté de Mulhouse pour cette athlétique pivot. C’est là où elle a passé son enfance, c’est là qu’elle a découvert le handball. Mais d’une façon un peu inattendue.
«J’ai commencé en primaire, au CM2, grâce à Christelle (Buder) qui faisait une intervention à l’école Sainte-Thérèse. Elle m’a aidée à trouver un club et j’ai rejoint le FCM où je jouais en mixité. Ce n’était pas forcément facile, parce que j’étais timide et que je ne connaissais personne. Surtout, j’ai commencé en tant que gardienne de but. Après quelque temps, j’ai senti que je n’étais pas assez souple et que cela risquait de me poser des problèmes plus tard. Alors, j’ai voulu aller sur le terrain…»
La gardienne est devenue pivot
La suite s’écrira à l’Entente Mulhousienne, puis aux Coteaux Mulhouse en entente avec Altkirch, «Je veux en profiter pour remercier Borko Jovicic et Franck Ruhlmann, deux coaches qui ont été importants pour moi», elle s’écrira surtout désormais sur un plus vaste champ de jeu.
«Je savais que je voulais devenir pivot. J’avais peut-être plutôt les qualité physiques pour être arrière (elle mesure 1m80), mais j’aime beaucoup ce poste et une joueuse comme Pauletta Foppa m’inspirait beaucoup. J’aime bien la bagarre aussi, rigole-t-elle, à ce poste, on travaille pour les autres et pour soi. Au début, c’était un peu frustrant parce que je ne recevais pas beaucoup de ballons, mais mon père me disait de continuer à travailler, de m’accrocher.»
«Nous avons un lien très proche avec mes parents»
«Petite dernière» d’une famille très unie, Yosr Mostefaoui puise sa force dans le regard des siens, de son père Wissam, ancien footballeur (il a été gardien de but à Saint-Louis, Hégenheim, mais aussi en Suisse), de sa mère Emna, de sa grande sœur Yasmine, de son grand frère Omar. «Nous avons un lien très proche avec mes parents, c’est grâce à eux si j’en suis là aujourd’hui. Ils sont un grand soutien pour moi.»
Alors, quand il avait fallu rejoindre le Pôle de Barr, la séparation n’avait pas été facile. Il a fallu s’adapter à cette autre vie.
«Même au collège, je n’allais jamais à la cantine, je rentrais toujours à la maison. Alors, la rentrée en internat, c’était dur. Je ne connaissais pas grand monde, c’était difficile de dire au revoir à mes parents, on s’appelait tous les jours pendant des heures. Je sais que je peux compter sur eux et c’est très important pour moi.»
«J’ai pleinement réalisé que tout pouvait s’arrêter»
Mais de belles rencontres vont arriver, notamment avec Fiona Gooroosamy, Yvana Atangana, Claire Koestner, Juliette Behr, Milène Klein et Lisa-Marie Lentz, devenues ses amies. «Au début, je ne savais pas du tout ce qu’était le Pôle, je découvrais tout ça. Mais avec le recul, je ne regrette pas du tout cette décision. J’ai vraiment progressé avec Maxime (Fistola) et Robin (Vinot). Maxime m’a accompagnée de la Troisième à la Seconde, c’était super cool.»
Mais en 2021, un événement a aussi changé son regard. «On devait partir un dimanche aux Interligues et le jeudi d’avant à l’entraînement, je suis tombée sur mon épaule gauche. J’ai dû porter une attelle, je n’ai pas pu participer à la compétition. C’était très, très dur. Mais cela m’a remis les pieds sur terre. J’ai pleinement réalisé que tout pouvait s’arrêter, qu’une blessure pouvait tout couper. Et c’était un peu un déclic pour comprendre que c’était important de continuer sérieusement mes études. Le handball est tellement éphémère, du jour au lendemain, on peut tout perdre.»
Un an après avoir découvert le Pôle de Barr et un an avant de passer à celui de Metz, Yosr Mostefaoui a rejoint le Strasbourg Achenheim Truchtersheim Handball (SATH).
«C’était de nouveau une autre organisation, j’avais parfois l’impression de passer la moitié de ma vie dans le train même si mon père venait aussi parfois me chercher. Mais vu que j’aimais bien ce que je faisais, je n’ai jamais

regretté. Il y avait tout de suite une super cohésion de groupe même si c’était un peu difficile de s’adapter en termes de jeu comme je ne revenais du Pôle que le vendredi. Sophie (Marangé) a aussi été grave compréhensive en me laissant me reposer quand j’en avais besoin.»
«J’aimerais atteindre le plus haut niveau, jouer en D1»
Désormais, Yosr Mostefaoui a rejoint le tout nouveau centre de formation du SATH. «Un peu avant les Interpôles, Jan (Basny), Sophie (Marangé), “JP” (Jean-Philippe Mall) et Aurélien (Duraffourg) m’ont fait cette proposition en me disant qu’ils avaient confiance en moi. Pour moi, ce n’était pas une évidence, mais un choix très probable, je suis dans un certain confort en étant à une heure de chez moi, je trouvais plus bénéfique de rester que de partir.»
Cette suite logique est vécue avec bonheur. «Franchement, ça se passe super bien. C’est parfois compliqué de concilier les cours, le handball, les entraînements avec les “pros”, mais je prends beaucoup de plaisir avec Sophie (Marangé) et “JP” (Mall). J’aime bien la façon de coacher de “JP”, il me fait un peu penser à Maxime (Fistola), il est proche de nous, nous guide beaucoup.»
Étudiante en première année de STAPS à Strasbourg, Yosr Mostefaoui ne sait pas encore de quoi sera fait son avenir, mais souhaite forcément le conjuguer avec le handball. «J’aimerais atteindre le plus haut niveau, jouer en D1 dans une petite ou une grande équipe. Mais je sais qu’il faut encore beaucoup travailler pour ça.»
«C’est ma grand-mère Souhad qui a souhaité que je porte ce prénom»
Mais en parallèle, elle cultive aussi autre chose. «J’ai une petite passion pour la mode, le stylisme, les habits, les coiffures qui sortent de l’ordinaire. C’est quelque chose que je n’étudie pas, mais je l’applique sur moi et ça me fait plaisir. J’aime donc aussi beaucoup le shopping et sortir avec mes amies du Pôle. On se rappelle nos souvenirs, ensemble, on a traversé les plus durs et les meilleurs moments.»
Mais Yosr Mostefaoui, c’est presque écrit, a le don de voir le bon côté des choses, c’est inscrit dans son prénom. «Yosr est un prénom tunisien. Il n’a pas de signification exacte, mais il veut dire le contraire et le positif. Par exemple quant il pleut, c’est le beau temps, quand on est malheureux, on devient heureux. C’est ma grand-mère Souhad, qui vit en Tunisie, qui a souhaité que je porte ce prénom.»
Avec de tels regards bienveillants posés sur elle depuis le premier jour, Yosr Mostefaoui ne peut que grandir avec bonheur, avancer avec confiance pour chercher à atteindre ses objectifs…